L’avis de : Vins Etonnants sur Journal du Vin.com • 13 novembre 2019
Il a osé … et c’est bon !
Quand un vigneron appelle Masturbation carbonique sa cuvée en macération carbonique, il ne faut pas être surpris que sa cuvée primeur soit baptisée JAJAculateur précoce. Cela ne pourrait être que drôle, mais en plus, je trouve ce tout jeune vin sacrément réussi : on est vraiment ici dans l’esprit du vin nature, avec ce fruit à l’état brut, réjouissant, sans entrave. Par contre, comme disait l’autre, Carpe diem*. Je n’ai aucune certitude de ce que deviendra ce vin dans 6 mois/1 an. Mais il est peu probable qu’il soit meilleur qu’aujourd’hui.
Sinon, pour info, nous sommes sur un assemblage 60 % Cinsault, 40 % Syrah. Cela peut expliquer en partie cette gourmandise immédiate. La robe est pourpre sombre translucide. Le nez est fin, rafraîchissant, sur la myrtille, le poivre, la garrigue, et une très fine volatile qui apporte de la profondeur et du peps. La bouche est à la fois ample et élancée, avec une matière ronde, fruitée, pulpeuse, qui vous tapisse le palais, et une belle tension venant d’on ne sait où … mais qui est bien là. La finale possède une mâche un peu rustique, mais elle est tellement pétante de fruit qu’on s’en fiche totalement.
C’est que du bonheur ! Si vous le buvez bien frais, il n’y aura pas de gaz carbonique. Par contre, en se réchauffant, il commence à pointer son nez, sans que ce soit trop pénible. A vous de voir ce que vous préférez 😉
* cueille le jour présent
Dans GLOU GUIDE 3 [ Aout 2020 – Editions Cambourakis ]
La bouteille qui se vide plus vite que son ombre
Carton plein pour Alban Michel, le vigneron punk de Feuilla, dans les Corbières. Déjà présent dans le Glou Guide #1, p. 82, avec sa célèbre cuvée Ni Dieu ni maître ni sulfites (du raisin et basta) et le Glou Guide #2, p. 67, avec son Pif nouveau, sans gadget en bonus, il récidive haut la main dans le numéro 3 avec ce Jaja Culateur précoce qui explose littéralement à la figure comme un bukkake en accéléré. Du cinsault et de la syrah qui dépotent dans le gosier à vitesse grand V. Une bouteille qui se boit plus vite que son ombre. Mais Alban nous a déjà largement habitués à ce style de vin à fort coefficient de torchabilité. Alban, il faut savoir qu’il n’est pas vigneron. Il est « pificulteur ». Il élève ses pifs avec amour, leur apportant le meilleur de lui-même. Il pratique la « biodynamite » qui confère à tous ses vins un caractère hautement explosif et il persiste à cultiver son univers à l’écart des modes et des salons parisiens. Un authentique punk fan de Brassens et un véritable anar du pinard. Ne cherche plus longtemps de fontaine, toi qui as besoin de vin, aux Sabots d’Hélène, va-t-en remplir ton verre. Quitte à partir trop vite…
ACCORD IDÉAL La quatrième de couverture d’un vieil album de Lucky Luke